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Le Musée d'Orsay
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DEBUSSY-Reflets dans l'eau (1904)

Biographies (cliquez sur le nom du peintre)

Exposition "Le NEO-IMPRESSIONNISME, de SEURAT à Paul KLEE"

du 15/03/2005 au 10/07/2005
Lieu : MUSEE D'ORSAY, Paris

L'exposition en bref :


Cette exposition est la première exposition consacrée en France au thème du Néo-impressionnisme dans son ensemble.
La dernière exposition dédiée au Néo-impressionnisme eut lieu en 1968 à New-York, au Musée Guggenheim.

+ de 120 toiles exposées provenant de très nombreux peintres : Seurat, Signac, Pissarro, van Gogh, Matisse, Derain, Kandinsky, Mondrian, Picasso, Modigliani, Klee...couvrant une large période de 1884 à 1931

L’exposition rend d'abord un large hommage aux peintres fondateurs du mouvement néo-impressionniste, dont beaucoup sont aujourd'hui relativement peu connus.

Elle cherche également à montrer le rôle libérateur que le Néo-impressionnisme a joué dans le développement de la peinture du XXe siècle, depuis le Fauvisme jusqu'à l'art abstrait.

Le parcours de l'exposition est organisé selon des thèmes où sont illustrées les innovations formelles apportées par les peintres néo-impressionnistes : le plan, la géométrie, le rythme, l'arabesque, la lumière, la couleur.

 

Georges SEURAT (1859-1891), inventeur du Divisionnisme

 

Le terme Néo-impressionnisme fait référence à une technique picturale qui consiste pour le peintre à ne pas mélanger ses couleurs pures sur sa palette ou directement sur le tableau, mais à les juxtaposer sous forme de petites touches. Le mélange des couleurs s'effectue alors, à distance, en un "mélange optique" dans l'oeil du spectateur.

Au début des années 1880, Georges Seurat étudie les théories sur les couleurs d'Eugène Chevreul (1786-1889), Rood et Henry, et met au point cette technique qu'il appela la division des tons ou "Divisionnisme", dont la particularité est de donner des couleurs plus claires et plus lumineuses.

Son grand tableau (206x305cm) "Un dimanche après-midi à la Grande Jatte" - 1884-1886 peut être considéré comme l'oeuvre fondatrice du Divisionnisme.

 

Un dimanche après-midi
à la Grande Jatte
Georges SEURAT, 1884-86
The Art Institute of Chicago

Biographie Georges SEURAT

1886, l'après-impressionnisme : symbolisme et néo-impressionnisme

"Un dimanche après-midi à la Grande Jatte" fut exposé à la dernière exposition de groupe des Impressionnistes de 1886 où Pissarro imposa Seurat et Paul Signac - ce dernier devant devenir le plus ardent propagandiste du Divisionnisme - contre la volonté de Monet, Renoir, Sisley et Caillebotte qui se retirèrent de l'exposition.

L'année 1886 peut être considérée comme une année charnière de la peinture.


Avant du tub
Paul Signac, 1888
Collection particulière
   

Replacé dans ce contexte historique effervescent, le Divisionnisme de Seurat apparaît au départ davantage comme un prolongement de l'impressionnisme, une variante picturale, ce que Pissarro devait appeler "un impressionnisme scientifique". La technique change, mais les thèmes demeurent ceux des impressionnistes.

Seurat, dont l'oeuvre artistique personnelle est considérable, devait décéder d'une diphtérie en 1891, à l'âge de seulement 32 ans.

Signac rebaptisera le Divisionnisme en "Pointillisme", mais dès 1886, l'écrivain et critique d'art Félix Fénéon, qui sera son plus ardent défenseur, lui donne le nom de "Néo-impressionnisme".

 

Le mouvement néo-impressionniste, de la France à l'Europe

Les peintres du néo-impressionnisme exposeront régulièrement au Salon des Indépendants. Ce salon se tint pour la première fois en 1884 à l'initiative de quelque 400 artistes mécontents du Salon Officiel, ouvrant ses portes à tous les artistes, sans aucun jury.

 

Lors de ce 1er salon, Seurat rencontre Signac (1863-1935) et d'autres peintres qui feront partie des premiers néo-impressionnistes : Albert Dubois-Pillet (1846-1890), Charles Angrand (1856-1926) et Henri-Edmond Cross (1856-1910).

Avec son tableau "Un après-midi à la Grande-Jatte" exposé en 1886 à deux reprises à Paris (salon des Impressionnistes et Salon des Indépendants), Seurat va faire de nouveaux adeptes en France : Maximilien Luce (1858-1941), Léo Gausson (1860-1944), Louis Hayet (1864-1940)...

"La Grande-Jatte" est exposée en Février 1887 au Salon des Vingt de Bruxelles, et le mouvement va creuser son sillon en Belgique avec de nouveaux disciples : Théo Van Rysselberghe, Henry Van de Velde, William Finch... qui exposeront dès 1888 aux côtés de Seurat et Signac au Salon des Indépendants.

Après la Belgique où se crée un noyau de fidèles dès sa naissance, le néo-impressionnisme essaime en Hollande (Toorop, Bremmer...), puis en Allemagne, en Suisse et plus tard en Italie.

 


Maria Sèthe à l'harmonium
Théo Van Rysselberghe, 1891
Musée Royal des Beaux-Arts, Anvers

 

Le Néo-impressionnisme, carcan ou libération ?


Jeune paysanne faisant du feu,
gelée blanche
Camille Pissarro, 1887-89
Musée d'Orsay, Paris
   

Camille Pissarro allait, dès le début, être séduit par le divisionnisme de Seurat, et peindre de 1886 à 1891 à la manière pointilliste, sous une forme personnelle faite de petits traits plutôt que des points, avant de revenir à une facture plus impressionniste, estimant se trouver enfermé dans une peinture trop impersonnelle.

Il écrira en 1896 à propos de la division systématique, avoir été conduit à constater "l'impossibilité de suivre ses sensations, de donner la vie, le mouvement... Il faut croire que je n'étais pas fait pour cet art qui me donne la sensation du nivellement de la mort".Toutefois, la technique de Pissarro gardera de cette période par la suite les petits traits de couleur.

Van Gogh, à son arrivée à Paris en 1886, s'intéressera aussi aux théories de Seurat et signera plusieurs oeuvres au caractère pointilliste, dont un autoportrait en 1887.

Seurat, dont les tableaux devenaient de plus en plus austères et sombres, disparaissait en 1891, laissant un dernier grand tableau majeur où il assouplit la rigueur de son système par de nombreuses arabesques "Le cirque" - 1891.

 

L'après Seurat va voir le néo-impressionnisme se libérer du pointillisme exigeant dans lequel Pissarro se trouvait enfermé, avec l'évolution de l'oeuvre de Paul Signac.

 

La libération du néo-impressionnisme avec SIGNAC

A partir de 1892, Signac, amateur de voile, se rend régulièrement à Saint-Tropez. Sa touche devient alors intuitive et s'agrandit jusqu'à devenir très large, jouant sur le contraste des couleurs pour porter l'intensité lumineuse à son paroxysme.

"Comparé à la luminosité des tableaux aériens de Signac, Seurat semble gris et immobile", ainsi le critique d'art Julius Meier-Graefe décrit-il alors l'intensité chromatique des tableaux de Signac.

Avec Signac un deuxième néo-impressionnisme va naître.

 

A partir de 1895 Signac "illumine" le néo-impressionnisme avec des oeuvres comme "La bouée rouge" -1895, "Saint-Tropez, l'orage" - 1895, "Voiles et pins" - 1896.

C'est ce néo-impressionnisme libéré, aux couleurs éclatantes et lumineuses, qui influencera plus tard les fauves et les expressionnistes, quand celui de Seurat, plus rationnel, retiendra davantage l'attention des peintres cubistes de par sa "clarté scientifique de conception".

A la différence des impressionnistes, Seurat puis Signac, souhaitant donner une base réfléchie et scientifique à leur peinture, rédigeront des traités qui influenceront les jeunes peintres qui allaient faire l'art du XXième siècle ("D'Eugène Delacroix au Néo-impressionnisme" - Paul Signac, 1898).

 

Saint-Tropez, l'orage
Paul Signac, 1895
Musée de l'Annonciade, St-Tropez

 

Le Néo-impressionnisme, source d'abstraction

Le Néo-impressionnisme n'aura constitué, en tant que mouvement, qu'une période transitoire de l'histoire de la peinture, mais son influence est essentielle pour l'évolution de l'art.


L'air du soir
Henri Edmond CROSS, 1893-94
Musée d'Orsay, Paris
   

 

Seul un nombre très restreint d'artistes, comme Signac ou Cross, resteront fidèles au divisionnisme, alors que pour beaucoup d'autres, comme Matisse, Derain, Braque, il constituera une étape vers autre chose.

 

 

 


Luxe, calme et volupté
Henri Matisse, 1904-05
Musée d'Orsay, Paris
   

Ainsi en 1905, Henri Matisse, après avoir rencontré Signac à Saint-Tropez et Cross au Lavandou, compose "Luxe, calme et volupté" - 1905, oeuvre dans laquelle leur influence est manifeste, autant dans la composition que dans la technique picturale divisionniste .

C'est le début du Fauvisme, la division monotone et régulière des touches de couleurs des néo-impressionnistes va désormais s'étendre à de multiples autres formes, les couleurs vont prendre le dessus sur le souci de représentation.

L'art moderne du XXième siècle accentuera ce que le néo-impressionnisme contenait en germe, une stylisation non-réaliste de la peinture.

L'Exposition montre comment de nombreux peintres célèbres se sont nourris à la source néo-impressionniste, avant de bifurquer, qui vers l'expressionnisme, qui vers l'abstraction.

 

Mais son premier mérite est de nous présenter à travers nombre de leurs oeuvres ces peintres trop méconnus qui ont contribué, aux côtés de Seurat et Signac, à l'aura du néo-impressionnisme.

On peut mesurer le talent créatif, la diversité et l'originalité de ces artistes, qui transcendent une technique contraignante en art : Dubois-Pillet, Angrand, Cross, Luce, Van Risselberghe, Finch, Lemmen, Toorop...

 

Quai de l'Ecole
Maximilien Luce, 1889
Collection particulière

(*) Toutes les oeuvres dont les images figurent ici font partie de l'Exposition, sauf "Un dimanche après-midi à la Grande-Jatte", dont l'Exposition présente l'étude préliminaire de Seurat : "La Grande Jatte, étude d'ensemble" - 1884-85 (Metropolitan Museum of Art, New-York)