Soleil couchant à Ivry
1873
Soleil couchant à Ivry - 1873 Musée d'Orsay

Dans le sillage de Pissarro, Guillaumin l'autodidacte lutta sa vie durant pour pouvoir peindre ...

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DEBUSSY - Etudes, pour les agréments (1916)

 

Armand GUILLAUMIN

Travail et impressionnisme

Armand GUILLAUMIN est probablement le moins connu des grands peintres impresssionnistes, bien qu'il fit partie du mouvement impressionniste dès son origine et qu'il en fut le dernier survivant.

Peintre paysagiste au coloris intense, il se distingua par ses paysages de la Région Parisienne, de la Creuse et de l'Esterel.

Né à Paris dans une famille ouvrière récemment émigrée de Moulins dans le Bourbonnais, où enfant il passa ses vacances, il commença à travailler à Paris dans le magasin de son oncle en 1857 à 15 ans tout en étudiant le dessin le soir.

En 1860 il fut embauché sur la ligne de chemin de fer Paris-Orléans, continuant à pratiquer le dessin pendant ses loisirs, avant d'étudier à l'Académie Suisse où il fit la connaissance de Cézanne et Pissaro, avec lesquels il restera toute sa vie en étroite collaboration et amitié.

 


Autoportrait au chevalet
1878


Musée Van Gogh, Amsterdam

TRAVAILLEUR LA NUIT, PEINTRE LE JOUR

Ne pouvant vivre de sa peinture, en 1868 après deux années sans travail, il obtint un emploi dans les Ponts et Chaussées, travaillant la nuit afin de pouvoir peindre pendant la journée.

Au début des années 70, il travailla avec Pissarro à Pontoise, un village de cultivateurs à peine touché par l'industrialisation où celui-ci s'était établi, partageant avec lui l'amour du paysage et reprenant sa facture et sa composition picturale soigneusement ordonnée.

Ils rendent alors souvent visite à Auvers à Paul Gachet, médecin pratiquant à Paris dans un quartier ouvrier, socialiste, libre-penseur, et habitué du Café Guerbois.

Il y côtoya aussi Cézanne, venu s'installer à Pontoise en 1872 pour mieux suivre les instructions de son mentor Pissarro, puis à Auvers en 1873 où le Dr Gachet avait mis à sa disposition un logement. Cézanne fit un portrait de Guillaumin intitulé "Guillaumin au Pendu", Cézanne, à cette époque, signant ainsi fréquemment ses oeuvres.

En 1874, il habite dans le même immeuble que Cézanne avec lequel il travaille en étroite collaboration, puis en 1875 il loue l'ancien atelier de Daubigny.

 

Quai de La Rapée
1871
Collection Particulière

 

GUILLAUMIN, PISSARRO ET CEZANNE


Soleil couchant à Ivry
1873
Musée d'Orsay, Paris

 

De son travail avec Pissarro et Cézanne, Guillaumin devait développer un art du paysage, avec des perspectives ouvertes par des chemins tournants, pouvant aussi parfois y faire intervenir une vision de l'industrie teintée d'un certain romantisme.

Ici les volutes de fumée sortant des cheminées d'usine se détachent sur un coucher de soleil rouge or tels des drapeaux triomphants .

Guillaumin fit partie de la première exposition du groupe des impressionnistes en 1874 et devait exposer à la plupart des suivantes, ainsi qu'au salon des Refusés.

 

L'ELOGE DE ZOLA

Zola dans son article "Le Naturalisme au Salon" en 1880 écrit : "[...] Les véritables révolutionnaires de la forme apparaissent avec M. Édouard Manet, avec les impressionnistes, MM. Claude Monet, Renoir, Pissarro, Guillaumin, d'autres encore.

Ceux-ci se proposent de sortir de l'atelier où les peintres se sont claquemurés depuis tant de siècles, et d'aller peindre en plein air, simple fait dont les conséquences sont considérables. En plein air, la lumière n'est plus unique, et ce sont dès lors des effets multiples qui diversifient et transforment radicalement les aspects des choses et des êtres. Cette étude de la lumière [...] est ce qu'on a appelé plus ou moins proprement l'impressionnisme, parce qu'un tableau devient dès lors l'impression d'un moment éprouvée devant la nature .

[...] MM. Pissarro, Sisley, Guillaumin ont marché à la suite de M. Claude Monet[...] et ils se sont appliqués à rendre des coins de nature autour de Paris, sous la vraie lumière du soleil, sans reculer devant les effets de coloration les plus imprévus. "

 



La Seine à Charenton
1878
Musée d'Orsay, Paris

Vers la fin de la décennie 1880 il devint un ami de Van Gogh, et certaines de ses toiles furent vendues par Théo Van Gogh.

En 1886, il se fera connaître en Amérique lors de l'exposition sur les Peintres Impressionnistes organisée par le marchand d'art Durand-Ruel.

 

LE GAGNANT DE LA LOTERIE NATIONALE


Le Ravin de la Folie, à Crozant
1894
Musée du Petit Palais, Genève

 

En 1886 il épousa sa cousine, Marie-Joséphine Charreton, professeur d'école, qui le supportera financièrement.

Dans les années 1890, sa peinture devait devenir plus subjective, et il commença à utiliser des couleurs très expressives, anticipant bientôt les fauves.

En 1892 il gagna à la Loterie Nationale, ce qui lui permit dès lors d'être indépendant sur le plan financier et de se concentrer sur sa peinture.

Il se déplacera dès lors régulièrement entre Crozant dans la Creuse, où il loua une maison à partir de 1892, Agay, sur la Commune de Saint-Raphaël au pied de l'Esterel, et Saint-Palais-sur-Mer, station balnéaire de la Charente Maritime.

Il effectue également un voyage en Hollande en 1903-04.

 

LE PEINTRE DE CROZANT EN CREUSE

Crozant, un petit village dans un site sauvage dominant le confluent des rivières de la Grande Creuse et de la Sédelle, avait été lancé auprès des artistes, romanciers, musiciens et peintres, par Georges Sand après qu'elle se fut installée tout près à Gargilesse en 1857.

Le site de la vallée de la Creuse devait attirer de nombreux peintres, y compris Monet qui y restera 3 mois en 1889 et y peignit 23 toiles.

Une école de peinture, "l'Ecole de Crozant", y avait vu le jour dès 1864, qui connût ses heures de gloire entre les années 1890 et 1920. Le nom d'Armand Guillaumin y est aujourd'hui indissociablement lié.

 


La baie d'Agay
c. 1910
Collection particulière


Guillaumin dont la vie fut longue puisqu'il mourut en 1927 à l'âge de 86 ans fut le dernier survivant du groupe des Impressionnistes, dont il fut un des plus fidèle et loyal membre.


 

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Marc GERONDEAU :
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